Workshop (in French): Histoire & Mesure
Histoire & Mesure : Enjeux épistémologiques et perspectives analytiques dans une perspective transpériode
Mercredi 23 février 2022 de 9h30 à 17h30
Cette journée d’études, organisée par Alessandro Stanziani (ESOPP-GRHEN), est consacrée aux relations entre la mesure et l’histoire. L’histoire de la mesure et des statistiques propose une réflexion sur le contenu et la pertinence des données, sur les conditions de leur élaboration, sur leur inscription dans des catégories qui ont elles-mêmes une histoire. La mesure de l’histoire propose la présentation d’outils de traitement statistique de l’information et d’usages du chiffre pour mesurer des phénomènes historiques de tous ordres (du climat à l’histoire culturelle en passant par l’histoire sociale, économique, politique…).
Depuis 1986, Histoire & Mesure place l’histoire et la mesure au centre de ses problématiques, sans opposer regards critiques sur la mesure et usage de méthodes statistiques ou séparer méthodologie et histoire. C’est par une réflexion conjointe sur les sources et les méthodes, leurs apports et leurs limites, ainsi que sur l’histoire de nos outils statistiques que la revue se propose de contribuer à l’avancée des recherches historiques.
Cependant, depuis sa fondation, les réflexions historiographiques et épistémologiques sur la mesure ont évolué. Tout d’abord, le cultural turn a avancé des critiques radicales vis-à-vis des méthodes d’objectivisation du monde, aussi bien qualitatives (le positivisme archivistique) que quantitatives. Des tentatives de synthèse ont été avancées. Certaines ont essayé de concilier histoire sociale et histoire intellectuelle, d’autres ont encouragé le dépassement de la posture déconstructiviste en cherchant à aboutir à une reconstitution des morphologies historiques sans tomber pour autant dans le positivisme.
Ces orientations se sont ultérieurement compliquées avec la diffusion d’études sur la mesure portant sur les ainsi dites aires culturelles. L’histoire de la mesure et la mesure de l’histoire en Chine, en Inde, en Afrique, dans le monde ottoman-musulman, en Amérique latine ou en Russie ont soulevé le problème de savoir si les « spécificités » de chaque aire pouvaient se concilier avec une circulation des savoirs et une posture méthodologique « universaliste » ou bien si la mesure aussi, comme celle plus générale des savoirs, exprimerait plutôt des « modernités multiples ».
Cette journée se propose de faire le point sur les tensions épistémologiques entre histoire et mesure en prenant en considération ces orientations récentes, mais sans oublier pour autant les réflexions menées depuis plusieurs décennies dans ce domaine.
Programme
MATINÉE (9 h 30-12 h 30)
- Morgane Labbé (EHESS), « De la commensurabilité : retour sur deux propositions »
- Andrea Bréard (Friedrich-Alexander Universität Erlangen-Nürnberg), « Histoire et mesure en Chine »
- Joel Felix (Université de Reading), « Évolutions chronologiques et de la comparaison entre espaces géographiques et expériences historiques »
- Éric Geerkens (Université de Liège), « Contribution de la quantification à l’administration de la preuve en histoire : illustrations tirées d’Histoire & Mesure »
APRÈS-MIDI (14 h-17 h 30)
- Jean-Philippe Genet (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Stéphane Lamassé (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Incertitude et ensembles sécants. Les chanoines magistri et l’université médiévale »
- Frédéric Vesentini (Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique), « Des usages de la statistique publique »
- Olivier Martin (Université de Paris), « “On ne connait bien que ce qu’on mesure” : réflexions et observations sur la place de la rhétorique savante dans l’histoire de la quantification »
- Alessandro Stanziani (CNRS et EHESS), « Sources et données : des tensions bien fondées ? Une histoire transnationale »
DISCUSSION FINALE
- « Mesure de l’histoire, histoire de la mesure dans une perspective transpériode et transnationale »
Lieu
EHESS (Salle BS1_28, sous-sol)
54, boulevard Raspail
75006 Paris